Mardi 9 juin 1789

Les vents au S. E. ; le temps étant maniable, je mis le cap à l’O. ¼ S. O.

À quatre heures de l’après-midi, nous prîmes un petit dauphin ; c’était le premier secours de cette espèce que nous eussions obtenu. J’en distribuai à peu près deux onces à chacun, compris les intestins et les débris, et je conservai le reste pour le dîner du lendemain.

Vers le soir, le vent fraîchit beaucoup, et il souffla grand frais toute la nuit ; ce qui fut cause que nous embarquâmes beaucoup d’eau, et que nous souffrîmes infiniment du froid et de l’humidité. Le jour venu, j’entendis, comme de coutume, beaucoup de plaintes et de gémissements, que je jugeai par ma propre sensation, n’être que trop fondés. Je distribuai un peu de vin au chirurgien et à Lebogue, mais je ne pus leur procurer d’autre secours que l’assurance que je leur donnai, qu’un très petit nombre de jours d’une pareille navigation nous mettrait en sûreté à Timor.

Les butords, les gannets, les frégates et les oiseaux du tropique, voltigeaient en nombre autour de nous. Je distribuai la portion ordinaire de biscuit et d’eau, et à midi nous eûmes à dîner le reste du dauphin, dont chaque homme eut à peu près une once pour sa part. J’observai 9° 9′ de latitude sud ; longitude arrivée 10° 8′ O. du cap Shoal ; la route depuis hier midi estimée à l’O. ¼ S. O. 2° 45′ S. et 107 milles de chemin.