Lundi 18 mai 1789

Vent bon frais de la partie du S. E. avec pluie. La nuit fut sombre et désastreuse ; la mer brisant sans cesse dans le bord, et rien pour nous diriger dans notre route, que le vent et les lames. Je me déterminai à attérer sur la Nouvelle-Hollande, au sud du détroit de l’Endeavour. Je crus nécessaire de conserver une telle position, que les vents de sud pussent nous servir, afin de pouvoir ranger les récifs qui bordent cette côte, jusqu’à ce que nous pussions trouver quelque ouverture pour nous introduire entre eux et la terre, dans une eau plus tranquille, et pour avoir quelque espoir de nous procurer quelques subsistances.

Le matin, la pluie diminua. Nous nous déshabillâmes, nous trempâmes et tordîmes nos hardes dans l’eau de mer, comme de coutume, et nous nous en trouvâmes très bien. Quoique chacun se plaignit de douleurs, il n’y avait encore, à mon grand étonnement, personne de malade. Je distribuai un vingt-cinquième de livre de biscuit et un huitième de pinte d’eau, comme à l’ordinaire, tant pour le souper que pour le déjeuner et pour le dîner.

À midi, je n’eus que l’estime pour régler mon point, n’ayant pas aperçu le soleil. Ma latitude estimée fut 14° 52′ sud. La route depuis hier midi, O. S. O. cent six milles de chemin ; la longitude arrivée, 22° 45′ ouest de Tofô. Nous vîmes plusieurs oiseaux, de l’espèce des fous et des butords, qui nous firent Juger que nous n’étions pas loin de terre.