Jeudi 21 mai 1789

Les vents bon frais dans la partie de l’E. N. E., avec de forts grains de pluie.

Nos souffrances étaient au comble ; nous étions si inondés de pluie et d’eau de mer, que nous pouvions à peine ouvrir les yeux. Le sommeil que nous désirions ardemment, ne nous apportait aucun soulagement. Quant à moi, je me passais presque entièrement de dormir ; nous étions toujours très tourmentés du froid, et l’approche de la nuit nous inspirait toujours de l’effroi. À deux heures du matin, nous fûmes inondés d’un déluge de pluie qui tomba d’une telle violence, que nous craignions qu’elle ne remplit la chaloupe ; et pour l’empêcher, nous passâmes toute la nuit à jeter l’eau de toutes nos forces. À la pointe du jour, je donnai une forte portion rhum.

Vers midi la pluie cessa et le soleil se montra, mais nous étions toujours mouillés et tremblants de froid. La mer, qui ne cessait de briser sur nous, nous avait empêchés de profiter de cette forte pluie pour augmenter notre provision d’eau fraîche. La distribution ordinaire, d’un vingt-cinquième de livre de pain et d’un huitième de pinte d’eau, eut lieu le soir, le matin et à midi.

La latitude observée fut de 14° 29′ sud ; la longitude arrivée, 2° 25′ ouest de Tofô ; le chemin corrigé depuis hier midi, quatre-vingt-dix-neuf milles à l’O. ¼ N. O. 0° 45′ N. Je m’estimai alors sur le même méridien de la partie la plus orientale de la Nouvelle-Guinée et à soixante-cinq lieues de distance de la côte de la Nouvelle-Hollande.