Samedi 9 mai 1789

Beau temps et petits vents depuis le N. E. jusqu’à l’E. ¼ S. E.

Cette après-midi nous nettoyâmes la chaloupe et nous passâmes tout le temps jusqu’au coucher du soleil, à faire tout sécher et à mettre de l’arrangement dans le bord. Jusqu’à ce moment j’avais délivré les vivres à l’estime et au coup d’œil ; je me procurai une balance composée de deux noix de coco ; je me trouvai par hasard quelques balles de fusil, dont vingt-cinq pesaient une livre ou seize onces ; je pris une de ces balles pour peser ce que chaque personne devait recevoir de biscuit à chaque distribution. J’amusai aussi mon monde en leur faisant la description de la Nouvelle-Guinée et de la Nouvelle-Hollande, et en les instruisant de la situation, gissement et autres circonstances relatives à ces contrées, afin que dans le cas où je viendrais à leur manquer, ceux qui resteraient, pussent avoir une idée du voyage que nous avions entrepris, et se trouver dans le cas de trouver l’île de Timor ; car ils n’en connaissaient encore que le nom, et même plusieurs n’en avaient même jamais entendu parler.

Le soir je distribuai pour souper un huitième de pinte d’eau et une demi once de biscuit ; le matin, un huitième de pinte d’eau de coco et un peu du biscuit avarié pour déjeuner ; pour dîner, je partageai entre tous, la pulpe de quatre cocos et le reste du biscuit gâté qui ne pouvait être mangé que par des gens comme nous, mourants de faim.

À midi, j’observai 15° 47′ de latitude sud. La route depuis hier O. ¼ N. O. 3° 45′ N. Chemin estimé soixante-quatre milles ; longitude arrivée 8° 45′ O. de Tofô.