Mercredi 6 mai 1789

Nous eûmes de fortes brises de l’E. N. E., le temps beau, mais l’horizon très gras.

À peu près à six heures de cette après-midi, je découvris deux îles, dont l’une me restait à l’O. ¼ S. O. à six lieues de distance ; et l’autre au N. O ¼ de N., distance de huit lieues. Je me tins au vent de la plus septentrionale que je dépassai à dix heures, et je remis le cap au N. O. et à l’O. N. O.

Le matin à la pointe du jour, je découvris un nombre d’autres îles, restant depuis le S. S. E. jusqu’à l’ouest, et faisant le tour jusqu’au N. E. ¼ N. E. % E., je me déterminai à passer entre celles du N. O. À midi, une petite île ou caye de sable me resta depuis l’est jusqu’au S. 8° 37′ O. J’avais dépassé dix îles, dont la plus grande peut avoir six ou huit lieues de tour. On aperçut alors des terres beaucoup plus étendues dans le S. O. et le N. ¼ N. O. entre lesquelles je dirigeai ma route.

Latitude observée 17° 17′ S. ; route depuis hier midi au N. O. 5° O. ; chemin 84 milles ; longitude arrivée, par estime, 5° 37′ O. depuis Tofô.

Le souper, le déjeuner et le dîner consistèrent en un huitième de pinte d’eau de coco, avec de la viande dans la quantité de deux onces par personne. Cette ration fut reçue avec satisfaction, mais nous souffrîmes beaucoup de la soif. Je n’osais pas débarquer, parce que nous n’avions pas d’armes, et nous étions encore moins en état de nous défendre qu’à Tofô.

La mer qui brisait sans cesse dans la chaloupe et qui nous mouillait tout, rendait très difficile de tenir le journal ; mais à mesure que nous nous approchâmes de terre, la mer se trouva plus belle et je pus tracer un dessin de ces îles, qui pourra servir à donner une connaissance générale de leur étendue. Celles dont j’ai approché sont fertiles et montueuses ; quelques-unes ont de hautes montagnes.

Nous éprouvâmes une grande joie de voir un poisson pris à la ligne ; mais notre espoir fut malheureusement trompé : nous le perdîmes en voulant le mettre à bord.