Lundi 4 mai 1789

Le temps fut très mauvais ; il souffla un coup de vent du N. E. et de l’E. S. E. la mer encore plus élevée que la veille. La fatigue de jeter l’eau, pour nous empêcher d’emplir, fut extrême. Nous fûmes obligés de fuir vent arrière ; et dans cette situation, notre chaloupe se comporta si supérieurement, que je fus parfaitement rassuré de ce côté. Mais de toutes les peines que nous avions à endurer, celle d’être toujours mouillés, était une des plus cruelles ; les nuits tant très froides, le matin tous nos membres se trouvèrent engourdis et nous avions peine à nous remuer ; alors je servi une cuillerée à café de rhum à chaque homme, ce qui nous fut très salutaire.

Je continuai de faire route à l’O. N. O., comme je l’avais ci-devant décidé, pour gagner davantage dans le nord, non seulement parce que j’espérais d’y trouver le temps plus traitable, mais aussi pour avoir la vue des îles Fidji que j’avais ouï souvent citer par les habitants d’Anamouca, comme étant dans cette direction ; le capitaine Cook les a supposées également dans le N. O. ¼ d’O. de Tongatabou. Un peu avant midi nous découvrîmes une petite île plate et peu élevée qui nous restait à l’O. S. O. à 4 ou 5 lieues de distance. J’observai 18° 58′ de latitude sud ; la longitude arrivée, était de 3° 4′ à l’O. De l’île Tofô ; et la route, 95 milles à l’O. N. O. 4° 30′ O. depuis hier midi. Notre dîner à tous consista en cinq petits cocos, que nous partageâmes, et tout le monde s’en contenta.