Dimanche 7 juin 1789

Nous eûmes un vent frais et le temps serein jusqu’à huit heures du soir ; le reste des vingt-quatre heures le temps fut orageux, avec beaucoup de vent du S. S. E. et de l’E. S. E., et la mer haute ; ainsi nous fumes sans cesse inondés des lames et obligés de jeter l’eau.

L’après-midi, je pris un intervalle pour faire de nouveau la visite de notre provision de biscuit ; je trouvai qu’au taux précédent, d’un vingt cinquième de livre par repas et de trois repas par jour, il nous en restait encore pour dix-neuf jours de distribution. D’après cela, voyant qu’il y avait tout lieu d’espérer une courte fin de traversée, je me hasardai à donner la ration de biscuit ce soir à souper, pour tenir ce que j’avais promis lorsque j’avais retranché ce repas.

Nous passâmes cette nuit fort piteusement, mouillés et tremblants de froid, et le matin chacun poussait des lamentations sur la tristesse de notre position. La mer était fort haute et brisait sans cesse sur nous. Je ne pus donner pour le déjeuner que la portion de biscuit et d’eau, mais à dîner je distribuai une once de chair de sèches desséchée à chaque homme, et c’était tout ce qui nous en restait.

À midi, je fis arriver à l’O. N. O., pour que la chaloupe sentit moins la mer, avec le gros vent qui soufflait. La latitude observée fut de 9° 31′ sud ; la route corrigée N. O. ¼ O. 0° 45′ O., 88 milles de chemin ; la longitude arrivée 6° 46′ ouest du cap Shoal.